Les démocrates basques réclament un nouveau statut d'autonomie

En plus du parlement navarrais basé à Pampelune, le parti des démocrates basques préside également les conseils provinciaux du Gipuzkoa, de Biscaye et d'Alava, et gère de grandes mairies comme à Saint Sébastien et à Bilbao. Le parti centriste et humaniste qui continue son implantation au Pays Basque nord est surtout connu pour la gestion du gouvernement autonome basque d'Euskadi.

Depuis la mort du dictateur Francisco Franco, dans une Espagne décentralisée, grâce au statut d'autonomie de Gernika, les provinces basques lèvent l'impôt et gèrent directement la santé, l'éducation, le développement économique, le logement, le tourisme, la culture et même la sécurité avec une police, la Ertzaintza, qui en basque veut dire littéralement la garde du peuple.

L'autonomie basque dispose d'un parlement autonome, avec un pouvoir législatif. L'assemblée se charge de désigner le lehendakari, le président de l'autonomie. Avec un budget annuel de 15 milliards d'euros, le gouvernement autonome basque d'Euskadi gère le quotidien de plus de deux millions et demi d'habitants.

Cependant, en 45 ans d'autonomie, les gouvernements successifs espagnols de droite comme de gauche n'ont toujours pas transféré toutes les compétences prévues par la loi, notamment la sécurité sociale. Le PNB souhaite aller plus loin et exige un nouveau statut.

L'autonomie pour améliorer le quotidien des citoyens du Gipuzkoa, Biscaye et Alava

La revendication d'un nouveau statut d'autonomie était omniprésente ce dimanche 29 septembre près de Vitoria à l'occasion de la fête annuelle du parti.

Devant des milliers de membres de EAJ-PNB, Gracianne Mirande la représentante de l’Ipar Buru Batzar, la direction du parti dans les provinces du Labourd, de la Basse-Navarre et de la Soule, a appelé à « l'unité » pour construire un Pays Basque « libre et souverain ». Celle qui a été candidate lors des dernières élections législatives a fixé aussi trois défis pour l'avenir : la construction nationale du Pays Basque, la transition écologique dans le contexte européen et la promotion de la langue basque. « L'avenir nous appartient. Ensemble, nous construirons une nation durable, avec des infrastructures respectueuses de notre territoire et une économie au service de tous » a lancé Gracianne Mirande sous un tonnerre d'applaudissements.

Un nouveau lehendakari : Imanol Pradales

Lors de son premier discours à Alderdi Eguna, Imanol Pradales, lehendakari depuis le printemps dernier a mis en garde contre « ceux qui défendent un modèle alternatif et populiste du tout est possible».

« Notre miroir, ce sont les démocraties les plus avancées du nord de l'Europe », a déclaré Imanol Pradales devant les sympathisants des sept provinces du Pays Basque et les représentants de partis politiques venus de Catalogne, des Canaries, de Galice, des Baléares, de Géorgie, du Kurdistan ou d'Angola.

Selon le nouveau président du gouvernement autonome basque, le Pays Basque est confronté à « de nombreuses menaces qui peuvent nous conditionner ». Le biscayen a évoqué des menaces comme la perte du sens de la communauté, le discrédit de la politique et de l'action institutionnelle, les attaques contre la diversité, le jacobinisme et le centralisme.

Imanol Pradales estime que la conjoncture politique actuelle est propice pour que le Gipuzkoa, la Biscaye et l’Alava fassent un bond en avant grâce à un nouveau statut d’autonomie. « Le communauté autonome a besoin d'un nouvel accord politique répondant aux nouveaux temps et aux nouveaux besoins de la société basque. Un pacte qui améliore, élargit nos capacités politiques et nous permette d'établir une relation bilatérale avec Madrid afin de reconnaître Euskadi en tant que nation » a expliqué celui qui est lehendakari depuis quelques mois.

Une nouvelle ère pour Euskadi?

Lors de la 48ème édition de l’Alderdi Eguna de dimanche dernier, Andoni Ortuzar, le président du parti des démocrates basques a rappelé l'accord d'investiture qu'il avait signé en novembre 2023 pour reconduire Pedro Sánchez au poste de premier ministre. "Le pacte inclut l'engagement des socialistes espagnols à négocier et approuver un nouveau statut d’autonomie" a rappelé le chef des centristes basques.

« Nous allons appeler toutes les forces politiques démocratiques et voir quelle est leur disposition pour préparer notre proposition de nouveau statut d'autonomie. Nous devons négocier un texte avec le soutien politique le plus large possible et essayer de parvenir à un accord qui pourra prospérer dans les deux parlements, à Vitoria et à Madrid.

Le moment est venu, c’est pourquoi nous devons laisser de côté la politique politicienne. Pour la première fois depuis de nombreuses années, la majorité politique de la communauté autonome basque, coïncide avec les acteurs politiques majoritaires à Madrid. Il s'agit d'une opportunité et nous devons la saisir. EAJ-PNB va se donner à fond dans cette voie» a souligné Andoni Ortuzar.

L'homme ne souhaite pas de blocs mais parle plutôt de cohérence politique. « Le PNB essaie d'être cohérent avec son idéologie : toujours avec la démocratie, ici et ailleurs; toujours avec l'autonomie et la justice sociale. Démocratie, progrès et liberté. Et Euskadi est une nation européenne. Voilà notre projet ».

Renouvellement et hommage

À l’occasion de l’Alderdi Eguna, la journée du parti, les démocrates basques ont initié un processus de rénovation de leur formation politique. Andoni Ortuzar a précisé que ce débat interne aura lieu dans chacune des provinces et qu'il terminera à la fin mars 2025 avec une assemblée générale à Saint Sébastien.

Le président du parti a également rendu un hommage au lehendakari José Antonio Ardanza, emporté par la maladie en avril dernier. À la fin de son discours, Andoni Ortuzar a invité l'un des membres les plus anciens, Joxe Manuel Erkizia, de 101 ans et originaire d'Andoain, près de Saint-Sébastien, et Aitziber Latatu, la plus jeune des membres du parti, à monter sur scène avec lui. Près d’une chaîne, Andoni Ortuzar a dit que l'homme âgé et la jeune femme représentent deux maillons essentiels de la formation politique centriste et humaniste.

Des membres de EAJ-PNB du Pays Basque nord ont également participé à ce grand rassemblement populaire et festif organisé chaque année près de Vitoria, parmi eux, leur président Peio Etxeleku qui est également conseiller municipal à Cambo-les-Bains, Clotilde Bordenave, Beñat Arrabit maire de Saint Martin d’Arrosa et Jean Tellechea conseiller municipal à Urrugne.

Ce lundi 7 octobre, ils auront l'occasion de s'entretenir avec Imanol Pradales lors de sa première visite officielle en Iparralde (Pays Basque nord), notamment à Bayonne et Saint Jean de Luz. Dans la matinée, le lehendakari sera reçu par Jean René Etchegaray, maire de Bayonne et président de la communauté d'agglomération Pays Basque.