Législatives 2024 : des élections inédites au Pays Basque

Le premier tour de ce dimanche 30 juin sera décisif pour l'avenir du Labourd, de la Basse Navarre et de la Soule.

Rédaction Atalaia

6/25/2024

Face à la montée de l'extrême droite lors des élections européennes du 9 juin dernier, le soir même, et bien avant de connaître les résultats définitifs, le président de la république a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. La décision a même surpris les proches d'Emmanuel Macron. Au terme d'une campagne éclair de trois semaines, 49,3 millions d'électeurs sont appelés aux urnes ce dimanche 30 juin pour le premier tour, et les 7 juillet pour le deuxième tour.

RN haut et jeu ouvert au Pays Basque


Au soir des élections européennes, le RN est arrivé en tête dans 93% des communes. La vague bleu marine est également notable au Pays Basque où pour la première fois l'extrême droite a remporté le plus de suffrages dans 92 des 158 communes, comme par exemple Bayonne, Hendaye ou Baigorri.

Dans les trois circonscriptions basques, avec un quart des voix le parti de Marine Le Pen est également arrivé en tête, loin devant ses adversaires. Le RN a encore une faible implantation locale et des candidats absents, qui refusent même de débattre avec leurs concurrents dans les médias locaux. Quel sera donc le score de l'extrême droite, RN et Reconquête, lors de ce premier tour des législatives anticipées?

Alors que le député centriste Vincent Bru jette l'éponge, Florence Lasserre (Modem) et Iñaki Echaniz (PS-Nupes) espèrent conserver leur siège au Palais Bourbon.

577 élections simultanées, trois au Pays Basque


Sur la 4ème circonscription, à cheval entre Pays Basque et Béarn, le retour de Jean Lassalle, député pendant 20 ans, pourrait compliquer la réélection d'Iñaki Echaniz, le candidat du Nouveau Front Populaire, qui regroupe le PS, les communistes, les écologistes, la France Insoumise ainsi que la coalition de la gauche abertzale, EH Bai.


Cette alliance inédite se reproduit dans les deux autres circonscriptions. Dans la 5ème, du côté de Bayonne, Anglet et du Bas Adour, le maire abertzale de Hiriburu-Saint Pierre d'Irube Alain Iriart est le suppléant de l'ancienne députée et candidate socialiste Colette Capdevielle. Le tandem souhaite récupérer le siège perdu par la gauche en 2017 lors de la première élection de Florence Lasserre.

Propulsée par François Bayrou, la centriste a reçu le soutien de Jean René Echegaray, maire de Bayonne et président de la communauté d'agglomération Pays Basque, de Jean Jacques Lasserre, président du Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques, qui n'est autre que son père, ainsi que de son vice président et maire d'Anglet Claude Olive. Un RN haut, un front uni à gauche et la présence d'une candidate Les Républicains pourraient toutefois compliquer la réélection de Florence Lasserre.


Dans la sixième circonscription, les 25 communes du littoral de Biarritz en Hendaye jusqu'à Louhossoa, le député sortant Vincent Bru a décidé de ne pas se représenter. Avec un RN fort, une candidate LR et une gauche unie, derrière le conseiller muncipal EH Bai de Ciboure Peio Dufau, la victoire du maire centriste de Cambo Christian Devèze est loin d'être acquise.

RN fort, appel à soutenir la gauche


Face à la poussée de l'extrême droite, les messages de soutien à une alternative portée notamment par le Nouveau Front Populaire se multiplie aussi au Pays Basque.

Le syndicat agricole ELB appelle tous les paysans à voter pour la nouvelle alliance afin de “faire barrage à l’extrême droite et ses alliés”. Selon ELB, “le RN a réussi à capter la colère de tous ceux que le système capitaliste libéral broie au quotidien, les paysans notamment. Pour autant, au-delà des paroles populistes, l’extrême droite ne souhaite aucune rupture avec ce modèle”.

ELB rappelle les votes favorables du RN pour les accords de libre échange qui fragilisent les paysans, contre la proposition de loi pour des prix rémunérateurs garantis en agriculture, le manque de volonté d'abroger la réforme des retraites ou de contrer l'accaparement et la concentration du foncier.

“Le RN ne soutient pas non plus une PAC renforçant l’emploi paysan et accompagnant davantage les pratiques agroécologiques et la transition vers une agriculture qui ne dégrade pas l’environnement.

Au-delà de l’agriculture, le RN prône des idées clairement opposées aux valeurs de solidarité, d’équité sociale, de respect des minorités, qui sont le socle de la société ouverte et diverse que nous souhaitons” assure le syndicat agricole.

“La droite républicaine ou les macronistes, favorables au libre-échange et à la compétition entre agriculteurs, ne sont pas non plus une solution d’avenir pour le monde paysan” souligne Euskal Laborarien Batasuna.

Xuti Gazte, Bagera, Etorkinekin-Diakité contre le RN


À l'instar de ELB, d'autres organismes féministes, de jeunes comme Xuti Gazte, la fédération Etorkinekin-Diakité, qui aide les migrants, ou des associations qui assurent la promotion de la langue basque montrent aussi leur inquiètude.

“`À force de seriner que "étrangers = délinquants", voire terroristes; à force de faire de l’immigration une question de police, envisagée selon le seul angle répressif et sécuritaire; à force de présenter l’immigration comme un "problème", une menace voire un danger, les gouvernements successifs ont fait naître et ont alimenté peurs et préjugés, terreau de l'extrême-droite” lance Etorkinekin-Diakité. Dans un communiqué, le collectif rappelle, par ailleurs, que le gouvernement actuel a fait voter la loi asile et immigration “raciste, antisociale et qui valide une part importante du programme du RN”.


La jeunesse basque contre l'extrême droite

Le collectif Xuti Gazte assure de son côté “que l'ultralibéralisme de Macron a nui aux conditions de vie des jeunes et des citoyennes et citoyens en général. Les difficultés d'accès au logement, l'augmentation du coût de la vie, la détérioration des conditions de travail, la précarisation et l'autoritarisme ont été les conséquences de ces politiques.

Aujourd'hui, 90 % des jeunes du Pays Basque nord ont des difficultés à accéder à un logement. Construire un projet de vie dans nos villages est très difficile pour les jeunes, par conséquent, chaque année des centaines de jeunes quittent le Pays Basque nord. Mais face à cela, l'extrême droite n'est pas la solution”.

Pour Xuti Gazte “aucun jeune avec un vote abertzale, antifasciste, de gauche, féministe et écologiste ne doit rester à la maison”. Aussi, dans cette voie, pour arrêter l'extrême droite et “faire entendre les revendications du Pays Basque à Paris, le choix des jeunes aux élections législatives est le vote pour le Front Populaire” insiste Xuti Gazte.

Des démocrates basques dans les trois circonscriptions

Après avoir participé aux élections européennes, les centristes basques de EAJ-PNB sont restés mobilisés et présentent des candidats dans les trois circonscriptions du Pays Basque nord. Ce mardi 25 juin, à Ustaritz les candidats Gracianne Mirande Bec, Jean-Marie Erramuzpe et Jean-Tellechea ont reçu le soutien d'Andoni Ortuzar le président du Parti Nationaliste Basque qui vient de remporter les élections au parlement dans la communauté autonome basque d'Euskadi.

Andoni Ortuzar a appelé les électeurs d'Iparralde à “apporter une réponse abertzale et démocratique, en tenant compte de ce qui est en jeu: qui va à Paris pour représenter et défendre les Basques”.

En euskara et en français, Gracianne Mirande Bec, responsable de décarbonation, a dit vouloir promouvoir les langues basque et gasconne, l'économie ainsi que l'agriculture, notamment face au changement climatique. Une gestion décentralisée serait une solution pour la candidate qui souhaite que “chaque territoire maîtrise son budget afin que des solutions adaptées puissent émerger dans des domaines comme la santé ou les déplacements”.

Né à Bayonne et issu d’une famille de commerçants, Jean-Marie Erramuzpe, entrepreneur dans le secteur de l'automobile, est candidat EAJ-PNB dans la 5ème circonscription.

“Les extrêmes n'ont jamais été aussi proches du pouvoir! Le président des français parle haut et fort de guerre civile. Notre Pays Basque sait ce que veulent dire ces mots avec leurs conséquences dramatiques” lance l'entrepreneur.

Devant les sympathisants réunis à Ustaritz et aux côtés d'Andoni Ortuzar, Jean Marie Erramuzpe a souligné que la dynamique croissante d’EAJ-PNB en Iparralde ces dernières années est “le fruit de notre travail à tous mais surtout du travail effectué au sein de l’agglomération Pays Basque par notre président Peio Etxeleku et nos délégués, par nos biltzars, par nos militants. La belle campagne aux européennes avec des candidats hyper motivés a renforcé notre visibilité et notre crédibilité. Il était indispensable de ne pas casser cet élan et il était temps de m'engager personnellement dans ce combat avec un discours apaisé et sincère”.

Un pays juste, prospère et solidaire

De son côté Jean Tellechea, candidat dans la 6ème circonscription a rappelé que EAJ-PNB est le parti basque le plus ancien et que son succès est étroitement lié à la défense des intérêts de tous les habitants du territoire.

“Notre vision pour le Pays Basque est celle d'un avenir où la justice et la cohésion sociale ne sont pas de simples slogans. Nous imaginons un Pays Basque où personne n'est laissé de côté, où chacun a la possibilité de s'épanouir et de contribuer à notre société” a lancé l'élu d'opposition à Urrugne.

“Nous croyons fermement en une égalité réelle et effective entre les femmes et les hommes. Ce principe d'égalité est au cœur de notre vision et de nos actions” a conclu Jean Tellechea. Le conseiller municipal urruñar a rappelé que sa famille politique se situe aux antipodes de la xénophobie, du racisme, de l'antisémitisme, du mépris et des positions anti-européennes régulièrement présentes dans la vie politique, notamment lors de la campagne éclair pour ces législatives anticipées.

Les démocrates basques, qui travaillent en faveur d'un territoire “juste, prospère et solidaire” se sont engagés à trouver des solutions à la crise du logement, à soutenir les initiatives locales qui visent à dynamiser l'économie tout en respectant l'environnement, à lutter contre les inégalités, à défendre l'accès pour tous à des services publics de qualité, et à soutenir les initiatives visant à améliorer la qualité de vie des anciens, des familles et des jeunes. La santé, l'éducation, et l'inclusion sociale se trouvent également dans la liste des priorités de EAJ-PNB.